L’automne est là… Les jours sont de plus en plus courts, la nature ralentit son rythme, elle se prépare pour se protéger de l’hiver et renaître au printemps. Nous, nous allons de plus en plus vite, aux prises avec des enjeux pressants de transformation, de management, d’objectifs. Mais plutôt que d’accélérer, nous devrions suivre le mouvement de la nature : prendre le temps d’élaguer, de protéger, de semer…

Pour beaucoup, même après un été bienvenu et reposant, fatigue mentale et physique, contraintes et tensions, sont déjà là. Le présent ne cesse de s’emballer et, préoccupé·e·s que nous sommes par tous nos dossiers et leurs enjeux, nous ne regardons plus par la fenêtre, nous prenons sans y penser une veste plus chaude et un parapluie. Et pourtant, nous devrions…

Car nous affranchir des saisons ne fonctionne pas, toujours elles nous rattrapent. Sans doute parce qu’elles ont des choses à nous dire, à nous apprendre, pour nous aider à mieux gérer notre niveau d’énergie et nos obligations. Elles nous montrent la marche à suivre…

Élaguer : faire des choix pour (se) préserver

L’automne venu, les feuilles fanent peu à peu, puis elles tombent. Les arbres se séparent de ce dont ils n’ont plus besoin pour préserver leur sève, leur force vitale et un jour renaître. De même, nous coupons régulièrement les branches pour leur survie, leur beauté, notre sécurité.

Il y a peu, j’accompagnais une directrice générale dont l’un des collaborateurs résistait aux changements nécessaires pour mener à bien la réorganisation de son entité. Il était dans le rejet des directives. Privilégiant un mode collaboratif et participatif, elle a passé des mois à tenter de comprendre ce qu’il souhaitait, comment l’accompagner au mieux, comment le convaincre d’adhérer, y passant un temps considérable. Un jour, pour l’aider à débloquer la situation, j’utilise la métaphore de la nature en lui demandant ce qu’elle pourrait élaguer pour installer cette nouvelle organisation, à l’instar de ce qu’elle fait dans son jardin. Après un court temps de réflexion, presque en pensant tout haut, elle me répond : « Il faut que je tranche. Parce que le temps et l’énergie que je passe à essayer de l’embarquer, je ne le consacre pas aux autres, à ceux qui ont envie d’avancer… »

Élaguer, faire des choix, prendre des décisions afin d’accompagner au mieux les transformations, ses équipes et se préserver… C’est finalement se poser les questions : que puis-je accepter et à quoi dois-je renoncer ? Nous pouvons également réfléchir à notre propre image. Et se dire : « J’accepte de ne pas être parfait·e, mon travail peut ne pas être parfait, je reconnais aussi parfois que je ne pourrai pas tout faire parce que je m’épuise. Je fais des choix conscients, je « bâcle intelligemment », je gère mes dossiers le plus efficacement possible, je calibre mon niveau d’exigence pour être en mesure d’absorber la charge et atteindre mes objectifs dans le temps.

Protéger : se poser, réfléchir, préparer le futur

Même si vous pouviez demander à votre rosier de fleurir en hiver, il vous répondrait qu’il ne peut pas ! Il emmagasine les réserves dont il a vitalement besoin pour s’épanouir au printemps. Alors faites comme votre rosier : dites non. Acceptez de ne pas être présent·e sur tous les fronts, assurez votre capacité à agir.

Pour cela, vous pouvez poser des limites dans votre agenda, bien délimiter les temps de disponibilité, et le faire savoir. Si l’on vous propose d’intervenir sur un projet pour lequel vous avez certes toutes les expertises requises, mais qui n’est ni stratégique ni important pour votre développement, prenez un temps de recul avant de prendre ou de refuser, vérifiez qu’il respecte votre agenda. Tout aussi agréables et valorisantes que sont les sollicitations. Car lorsque vous dites non d’un côté, vous dites oui de l’autre.

Oui à vos propres moments consacrés à votre évolution personnelle et professionnelle pour  vous nourrir d’instants de réflexion, d’analyse, de méditation ou de mise en jachère…

Oui à des moments destinés à protéger les forces de votre équipe pour qu’elle reste performante, à définir ses besoins à moyen terme, et ce malgré des pressions trop fortes sur les objectifs de performance.

Car si tout le monde est au feu, que se passera-t-il deux mois plus tard ? Il n’y aura plus personne. Il faut à la fois pouvoir donne un push et, dans le même temps, garantir ses forces sur le long terme, en commençant par analyser les conditions de ce « repos végétatif ».

Semer : agir en laissant le temps travailler

Lorsque nous rêvons d’un jardin ou un balcon couvert de jonquilles, de tulipes et narcisses, nous devons l’imaginer, le créer et planter les bulbes des mois plus tôt. Avec pour acquis évident que nous n’aurons pas de résultat immédiat malgré les quelques heures que lui aurons consacré.

Alors pourquoi ne nous accordons-nous pas ce temps dans notre quotidien ? Se projeter dans l’avenir est pourtant nécessaire, comme nous le prouveront au printemps nos belles narcisses.

Vous accorder ce temps serait par exemple partager des moments avec des personnes de votre réseau, en rencontrer d’autres, leur donner du temps… Ou alors vous former, enrichir vos compétences, peut-être prendre un poste avec moins de responsabilités pour changer d’expertise, élargir vos capacités et votre potentiel à terme.

Semer, cela peut être également aider des personnes de votre équipe à se développer, leur consacrer du temps par des feedback, en les formant. Et ainsi demain, déléguer plus de tâches, donc alléger votre planning. Ceci est d’autant plus essentiel dans le cadre de projets de transformation et de réorganisation.

Les bénéfices ne seront jamais certains, jamais immédiats. Tout comme un bulbe que l’on aura planté, l’incertitude demeure… Sortira-t-il de terre ? Quelle sera sa taille, sa couleur, son parfum ? Quoi qu’il en soit, il nous restera toujours le bonheur d’avoir donné vie et énergie à ceux qui nous entourent, et mis en place certaines actions qui s’épanouiront peu à peu, d’une manière ou d’une autre, et qui nous seront utiles au printemps quand nous serons en capacité d’être plus en énergie.

Ce qu’il faut préparer dès l’automne en 3 questions clés :

  1. À quoi dois-je renoncer pour (re)créer des bases saines ?
    Dans mon style de management, mon organisation et celle de mon équipe, mes relations, mon image professionnelle…
  1. Que dois-je protéger pour pouvoir passer l’hiver sans heurts ?
    Mon énergie, mon agenda avec des temps de réflexion et d’activités personnelles, des temps pour mon équipe, mes priorités et celles de mes collaborateurs…
  1. Que puis-je semer, mettre en gestation ?
    Des projets pour soi et pour son équipe, une évolution dans l’organisation, une transformation souhaitée, une transition de carrière…
« Nous sommes souvent si occupés que c’est comme si le temps nous échappait. En conséquence, nous ne prenons pas toujours la pause nécessaire pour nous imprégner de l’abondance de ce qui se trouve juste derrière notre porte, dans les espaces verts de la nature. Plus nous sommes à la pointe de la technologie, plus nous avons besoin du tonique de la nature pour nous aider à nous connecter à tous nos sens. 
Ce cycle archétypal se retrouve dans de nombreuses activités professionnelles, comme la gestion d’un processus de changement, la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la survie dans un monde VUCA*, la direction d’une équipe ou la gestion d’histoires personnelles de transition et de transformation. »

Nature’s Way, Karyn Prentice

*Volatilité, incertitude (Uncertainty), complexité et ambiguïté (exergue) « Élaguer : Dépouiller (un arbre, un arbuste) de ses branches et branchages superflus pour des raisons de santé, de sécurité, d’esthétique et confort de récolte. »

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